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Ferme ouverte Accueillir les malentendants à deux

Agricultrice à Contest, en Mayenne, Élise Sassa (à gauche) propose aux personnes sourdes de visiter sa ferme. Un projet mené avec l’aide de sa sœur, Agathe Foubert.

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Quand il s’agit de parler de son métier, Élise Sassa, 34 ans, est intarissable. « Une fois que je suis lancée, je ne m’arrête plus », prévient cette jeune femme au verbe franc, habituée à ouvrir les portes de son exploitation. Titulaire d’un BTS et d’une licence professionnelle, fille d’éleveur, Élise s’est installée en 2019 à la Ferme des Cabrioles, à Contest, dans le nord de la Mayenne. « Avant, j’ai travaillé plusieurs années en tant que salariée agricole et passé deux ans en Afrique. C’est d’ailleurs au Togo que j’ai rencontré mon mari. »

Des aménagements trop coûteux

Aujourd’hui, Élise est à la tête d’un troupeau de 65 chèvres alpines dont elle transforme le lait. « Dès le début de mon activité, j’ai voulu que mon élevage soit ouvert aux autres. Mon rêve est qu’il soit accessible aux personnes porteuses d’un handicap et, pour cela, j’avais réfléchi à des aménagements, notamment au niveau de la salle de traite. Mais ces investissements sont coûteux, j’ai dû y renoncer. »

 

Il y a dix-huit mois, Agathe, l’une de ses sœurs, l’interpelle pourtant. Médiatrice culturelle, elle a toujours eu du goût pour la langue des signes à laquelle elle s’est formée. Son projet était de développer des animations pour enfants et adultes sourds. « On s’est dit que mon exploitation s’y prêtait, tant il y a de choses à voir, toucher, sentir, etc. », observe Élise.

Deux premières visites

Soudé, le duo se lance dans l’organisation de visites avec l’objectif « d’apporter des connaissances sur le métier d’agriculteur et de ne surtout pas survoler le sujet ». Covid oblige, les premières dates sont annulées. « Nous avons démarré en juin 2021. » L’espace d’un week-end, une vingtaine de personnes malentendantes - de Mayenne et d’Ille-et-Vilaine - rallient la ferme. Certaines sont accompagnées de leurs proches entendants. Agathe, qui connaît bien les lieux, conduit les échanges en langue des signes. Élise, quant à elle, se tient prête à compléter l’information technique, montrer les gestes, guider les ateliers.

« Le plus étonnant, c’est le silence ! C’est très agréable », ponctue l’éleveuse, bien décidée à renouveler l’expérience. « La communauté sourde forme un public ouvert, très curieux. Les gens ne viennent pas pour vérifier ce qu’ils savent ou pensent savoir de l’agriculture mais pour échanger. C’est très plaisant. » Et réjouissant pour cette maman qui manie les mots avec beaucoup d’aisance.

Anne Mabire

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